Vidéo : "Chats à dos"
L'astre embrasé se couche dans le ciel austral. Le soir s'installe sur les terres surchauffées de la savane, ramenant avec lui tous les fantômes de la nuit africaine. La longue autruche s'étend sur sa couvée. Son cou de cygne monte et descend dans un mouvement inquiet, tandis que son plumage ondule au gré de la brise... Lorsque brille la lune dans l'espace, estompant angles et contours, l'animal ensommeillé a l'air d'un igloo. Avec son dos en voûte, son cou comme un périscope, ses pattes aux allures de sauterelle, l'oiseau est comique et touchant.
Dans la plaine des rôdeurs carnassiers se mêlent à de vagabonds herbivores. De lentes carapaces croisent de mols hôtes de la poussière. Des becs rencontrent des crocs, des sabots se mesurent à des griffes. Des entrailles sont déchirées dans le noir, des sexes s'unissent, certains sans fioriture, d'autres dans des parades inquiétantes et compliquées.
Des espèces de toutes sortes cohabitent sur ce sol. Sauvages. Elles vivent en symbiose, s'ignorent, se chassent mutuellement. Ca tue et ça copule, ça dort et ça meurt, ça palpite et ça digère. Le tout dans une petite musique de mort, une indifférence conformes aux lois de la vie. Bref, le noctambule peuple des herbes s'échange en toute discrétion de sanglantes mondanités. Sous le voile nocturne ces drames ont des allures de pantomime. Ici la nuit est fauve, la loi féline, la dent féroce. Et le faon tendre.
Le jour se lève dans la brume. Le concert des glapisseurs, siffleurs et crieurs commence, saluant les premiers rayons d'un soleil qui s'annonce torride. L'enfer s'installe pour la journée dans la savane.
Dans l'air bleu du matin, des pépiements inhabituels... La grande autruche déploie ses pattes, immenses, déroule lentement son cou et prend de la hauteur, dominant la savane de son regard nerveux.
De son flanc découvert s'échappe, le duvet encore recouvert de morceaux de coquilles d'oeufs, toute une nichée de titubants autruchons.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire